Cyrielle, 22 ans, est lectrice FranceMobil à Hambourg

Je suis tombée amoureuse de l'allemand sans raison à l'âge de 9 ans. A ce jour je n'ai toujours pas d'explication pour cette drôle de passion ; toujours est-il qu'elle m'a suivie à travers tout mon parcours scolaire. Je suis entrée en classe européenne au collège, ai obtenu mon Abibac, puis mes licences d'Allemand LLCE et de Lettres Modernes après un passage en Erasmus+ à Berlin, avant d'intégrer un master d'Allemand, bien décidée à passer l'agrégation et enseigner le plus vite possible. Sauf que la vie n'est pas aussi logique que la déclinaison de l'adjectif épithète, et que j'ai eu besoin d'un changement, radical, immédiat et brutal. Par voies de circonstances, j'ai candidaté pour le programme FranceMobil de l'OFAJ, et ai eu la chance d'être prise pour le poste à l'Institut Français de Hambourg pour couvrir les Länders de Hambourg, du Schleswig-Holstein et de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale.

J'ai réclamé du changement, et j'ai été servie : me voilà propulsée, à tout juste 22 ans, dans mon premier emploi, en toute autonomie, de la planification de mes visites d'écoles à ma comptabilité en passant par mes banques de données, mes mails professionnels, les événements de l'Institut, la communication avec les professeurs, la représentation du programme dans les instances officielles, les passages au garage, etc. Moi qui n'avais jamais été responsable que de mon programme de révisions de partiels et de quelques colonies de vacances, j'ai eu du mal à m'en croire capable, et pourtant !

Mais plus encore que de m'épanouir et de gagner en confiance, j'ai surtout trouvé du sens à ce que je fais : je veux rendre la chance que l'on m'a donnée. Aller à la rencontre des enfants et des jeunes pour leur parler de ma langue, des cultures francophones, et de tout ce que le monde franco-allemand peut leur offrir, c'est la concrétisation de ces années passées la tête dans les bouquins, de mon désir de transmission, de mon aspiration à la paix entre les peuples. Ce qui n'était plus du tout clair à la fac est de nouveau limpide.

Je vous mentirais si je vous disais que c'est facile, mais c'est ce qui rend cette aventure aussi palpitante. Que serait FranceMobil sans les routes de campagne impraticables, les auberges glauques au milieu de nulle part, les questions étranges des élèves, les profs aux demandes improbables et autres autoroutes en travaux et animations qui tombent à l'eau ? Ce ne serait certainement pas aussi drôle, et on n'aurait plus rien à raconter aux autres lecteur‧ice‧s. Bref, on en perdrait tout le piquant. Et c'est aussi ce qui rend les animations réussies et les visites concluantes aussi savoureuses, aussi spéciales, chacune à leur manière.

Je pourrais vous parler des heures de mon travail, parce que je l'aime. A l'heure où je vous écris, j'ai visité 47 écoles, rencontré 3943 élèves, parcouru 9274km. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup : ça veut dire que je suis libre !